Centres de santé : un modèle qui mérite d'être soutenu

14/02/2025

Un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) publié en début de semaine met en lumière l'intérêt et les défis des centres de santé en France. Ils jouent en effet un rôle crucial dans les soins de premiers secours et les actions de prévention.

2 798 centres de santé en activité étaient recensés en 2022, dont 586 pluriprofessionnels. Malgré une croissance de 65 % des centres de santé de ce type entre 2016 et 2022, ce modèle reste minoritaire en France comparé à d'autres pays. Environ 7 750 professionnels médicaux y exercent, principalement en médecine générale et soins dentaires, souvent à temps partiel.

La situation économique de ces centres est cependant préoccupante. L'augmentation des charges d'exploitation, notamment la masse salariale, a réduit leur rentabilité. Entre 2016 et 2022, ces charges ont augmenté de 82 %, en grande partie en raison de l'inflation et de la raréfaction des professionnels de santé, qui sont moins bien rémunérés qu'en pratique libérale. Cette hausse des charges n'a pas été compensée par les financements, dont 80 % proviennent des remboursements d'actes par l'Assurance maladie et les complémentaires santé. Aujourd'hui, de nombreux centres de santé se retrouvent avec un déficit d'environ 10 % de leurs dépenses, variant de 5 % pour les associations à 67 % pour les centres universitaires.

Les centres de santé, remparts contre les inégalités

Pour faire face à ces défis, le rapport de l'IGAS propose vingt pistes pour améliorer le modèle actuel. Parmi celles-ci, un accompagnement visant à améliorer la productivité des centres. Notamment par la mise en place d'une prise en charge coordonnée où différents professionnels de santé travaillent ensemble pour offrir des soins complets aux patient·e·s, et l'augmentation de la file active des patiente·s, c'est-à-dire le nombre d'entre eux suivis de manière régulière par un centre.

Le rapport préconise également l'instauration de nouveaux modèles de financement moins dépendants du nombre d'actes réalisés et davantage basés sur le volume et le type de patient·e·s pris·e·s en charge. Par exemple, un modèle de financement basé sur la capitation pourrait être exploré. Les centres recevraient dans ce cas une somme fixe par patient·e inscrit·e, indépendamment du nombre d'actes médicaux réalisés. Les centres pourraient ainsi se concentrer sur la qualité et la continuité des soins plutôt que sur la quantité d'actes, et donc mieux répondre aux besoins spécifiques de la patientèle.

Pour l'UNSA, il est urgent de soutenir ces centres, majoritairement implantés dans des zones sous-peu denses et défavorisées. Près de 20 % d'entre eux sont situés dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), et contribuent largement à l'accès aux soins des personnes les plus précaires. L'UNSA rappelle son attachement à ces lieux, qui garantissent un accès équitable et de qualité aux soins primaires et constituent une réponse à la désertification médicale. Une part importante des centres prend en effet en charge des populations socialement défavorisées, avec un taux moyen de patientèle C2S et AME de 18 %, soit près du double du taux moyen national de 10 %. L'UNSA demande également une meilleure régulation de ces centres pour éviter que certains ne cherchent à faire du profit au détriment de la qualité des soins, comme cela a pu être observé ces dernières années avec plusieurs condamnations.

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